Albert Camus et Maria Casarès

Mardi 14 février 1950, 15 heures

Journée radieuse. Le ciel resplendit sur toutes les montagnes jusqu’à l’horizon et jusqu’à la mer, toute bleue, au loin. Le vent blanchit les oliviers; et des chants d’oiseaux, partout. Par surcroît tes lettres de dimanche lundi – lundi surtout. Oui nous nous retrouvons au cœur des choses. Que tu m’appartiennes absolument et pour toujours, qu’un être, et un être tel que toi, me soit ainsi donné sans réserves, cela me remplit d’une force de joie qui remplirait trois vies. Ne crains rien, appuyé sur cette certitude, je puis vivre, créer, faire rayonner le bonheur sur tous. C’est la grandeur et la bonté de la vie que de pouvoir ainsi croître et surabonder, sans mutilation, par la seule force du sang. Des jours comme aujourd’hui, et grâce à toi, mon grand amour, j’ai l’impression d’avoir toute la lumière du ciel dans le visage. Merci, ma chérie, ma lisse, ma profonde !

A.

Albert Camus, Maria Casarès, Correspondance 1944-1959, Gallimard, 2017.

Image : Chez Maria, au 148 rue de Vaugirard, Paris.

© Collection Catherine Camus.

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