Bon matin, le 7 juillet
Au lit mes pensées se pressent déjà vers toi, mon immortelle Bien-aimée, parfois joyeuses, puis de nouveau tristes, demandant au Destin s’il nous exaucera. — Vivre, je ne le peux qu’entièrement avec toi ou pas du tout, j’ai même résolu d’errer au loin jusqu’au jour où je pourrai voler dans tes bras et pourrai me dire tout à fait dans ma patrie auprès de toi, puisque, tout entouré par toi, je pourrai plonger mon âme dans le royaume des esprits. — Oui, hélas ! il le faut — tu te résigneras d’autant mieux que tu connais ma fidélité envers toi, jamais aucune autre ne peut posséder mon cœur, jamais, jamais. O Dieu, pourquoi faut-il s’éloigner de ce qu’on aime ainsi, et pourtant ma vie à Vienne maintenant est une vie misérable — ton amour a fait de moi à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. — A mon âge, maintenant j’aurais besoin d’une certaine uniformité de vie — peut-elle exister, étant donné notre liaison ? Mon ange, je viens d’apprendre que la poste part tous les jours — et il faut donc que je m’arrête afin que tu reçoives cette lettre tout de suite. — Sois calme, ce n’est que par une contemplation détendue de notre existence que nous pouvons atteindre notre but, qui est de vivre ensemble. — Sois calme, aime-moi. Aujourd’hui, hier, quelle aspiration baignée de larmes vers toi, toi, toi, ma vie, mon tout ! — Adieu, oh ! Continue à m’aimer — ne méconnais jamais le cœur très fidèle de ton aimé
L.
Éternellement à toi,
Éternellement à moi,
Éternellement à nous.
Découverte de Beethoven, avec Hélène Grimaud, ici