Il cultive le goût des couleurs et de la poésie tous les jours. Récemment nommé Peintre de la Marine, Olivier Desvaux multiplie les projets artistiques dans tous les domaines. Inspiré par la nature et les grands espaces, l’artiste aime cheminer sous le ciel avec ses toiles et ses pinceaux. Entretien avec un peintre-poète, à l’écart du monde. Crédit photo : Julien Benhamou.

Comment est née votre vocation d’artiste-peintre et depuis combien de temps exercez-vous ce métier ? Je pense que cette vocation est née très tôt, dès l’enfance. Je me souviens avoir été un enfant observateur, contemplatif. Ma fascination pour mon environnement, la nature, la vie autour de moi m’a amené à dessiner très tôt, afin de capter cette beauté, de me l’approprier. J’ai découvert la technique de la peinture à l’huile adolescent, puis avec le travail, sur le motif, j’ai compris que c’est la lumière qui est à l’origine de cette vocation. L’huile est la technique qui me permet d’aller au plus près de la lumière, d’exprimer mon ressenti. Cela fait une dizaine d’années que je peins sans relâche.

Y a-t-il des artistes qui vous ont particulièrement nourri et influencé ? Je regarde beaucoup le travail des peintres des siècles passés, je vais très régulièrement au musée, notamment Orsay, le Louvre, et le musée des beaux-arts de Rouen. De nombreux peintres représentent des influences. Il y a eu d’abord les impressionnistes, avec cette démarche d’aller peindre sur le motif. J’aime particulièrement Monet qui pour moi en est le maître. J’ai une grande admiration pour Corot et Millet qui ont dans leur peinture, une profondeur, une forme de spiritualité qui me touche particulièrement. Sorolla, pour sa lumière, fabuleux peintre Espagnol. Les peintres américains, Hopper, (j’aime les jeux de lumières dans l’architecture, la place de l’homme dans le paysage, solitaire et spectateur), Sargent excellent portraitiste. Zorn, peintre Suédois. Les peintres Russes avec notamment Ilya Repin.

Rubens, Poussin, David,… il y en a tellement. C’est fascinant de contempler, d’être touché par des peintures qui ont traversé les siècles. Je m’intéresse aussi à la technique des anciens, le métier de peintre. Ce savoir qui s’est perdu au fil des ans et des siècles.

Quels sont les types de projets qui vous plaisent le plus ? Pouvez-vous nous donner un exemple ? J’aime partir à la découverte d’un pays, d’un sujet avec mon chevalet, m’immerger, m’imprégner, ressentir les éléments. Partir un mois au lac Baïkal, ou peindre à l’Opéra Garnier pendant une saison, une vraie immersion.

Vous peignez en plein air, dans la grande tradition romantique – que ressentez-vous, en immersion dans la nature, à Etretat par exemple, ou encore sur le Baïkal ? Je me sens vivant, les sens en éveil, proches des éléments. Je cherche une sorte de communion avec mon sujet, je peins avec spontanéité, pour être au plus proche de mon ressenti. J’aiguise mon regard, je cherche la couleur, la lumière. Je peins aussi avec une certaine urgence car la lumière est éphémère. C’est aussi un engagement physique avec ses difficultés. Sur le motif, c’est un moment de vérité, de plaisir immédiat. C’est aussi la sensation de capturer une lumière, un morceau du paysage. Cela a un pouvoir apaisant.

L’artiste-peintre, par JF Brossier

Je me sens vivant, les sens en éveil, proches des éléments. Je cherche une sorte de communion avec mon sujet, je peins avec spontanéité, pour être au plus proche de mon ressenti.

Olivier Desvaux.

Vous avez aussi travaillé sur des projets prestigieux, notamment à l’Opéra Garnier. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ? Après avoir suivi en peinture les répétitions du chef d’orchestre John Eliot Gardiner, j’ai réalisé à quel point la rencontre de deux formes artistiques était enrichissantes et inspirante. Cela m’a donné envie d’avoir cette même démarche pour la danse, un univers alors totalement étranger. Avec un ami peintre, Bertrand de Miollis nous avons demandé à Brigitte Lefevbre, alors directrice de l’Opéra Garnier, si nous pouvions porter notre regard sur la danse. J’ai alors découvert le monde du ballet dans un sublime décor. J’étais avec mon chevalet au plus près des danseurs, dans les studios historiques de l’opéra. Je me suis senti privilégié, peignant dans le coin d’un studio de répétition, dans une loge ou les coulisses, comme si je faisais partie du corps de ballet avec mon chevalet. Dans l’obscurité d’une loge côté jardin, une lampe éclairait ma palette, une autre ma toile, et discrètement mon pinceau dansait au rythme des danseurs et de la musique. A chaque scène je changeais de toile, chacune inachevée mais je les reprenais à la répétition suivante, le soir ou le lendemain. Pour chaque ballet je réalisais une dizaine d’études.

Tous les danseurs, sur la scène captent cette lumière puissante. Leurs corps en mouvement reçoivent la lumière et la font danser. C’est ce qui m’a le plus inspiré.

Qu’avez-vous ressenti sous le plafond de l’Opéra Garnier, peint par Chagall ? Les couleurs sont saisissantes, lumineuses. Elles me rappellent les couleurs vives des ballets sur la scène Garnier. Cette œuvre moderne est surprenante et audacieuse.

Quel conseil donner aux jeunes qui souhaiteraient faire des études artistiques ? Il faut travailler, rester passionné, observer, dessiner, se faire confiance, être ouvert aux critiques, voir les expositions, les musées, être curieux et suivre son chemin.

Un beau projet pour 2021 ? Avec quatre amis peintres, nous allons peindre dans différentes villes balnéaires sur les côtes françaises. Cela fera l’objet d’une exposition collective. C’est la promesse de belles lumières, de rencontres, d’échanges,…

Biographie

Olivier Desvaux est né le 12 mai 1982 à Rouen (France). Après une année en arts appliqués à l’école Estienne à Paris, Olivier entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Il sort diplômé en 2006. En 2018, Olivier est nommé Peintre Officiel de la Marine. Olivier est par ailleurs membre de la Fondation Taylor. Site internet et contact : www.olivierdesvaux.com

Œuvres présentées : Les Cygnes en coulisses, A l’Ombre des Coulisses. L’artiste-peintre en session, à l’Opéra Garnier. Crédit photo : Olivier Desvaux.

Vue sur la Sierra Nevada

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