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Invité à réaliser une exposition pour marquer le 110ème anniversaire du Palais Idéal, Jean-Michel Othoniel nous livre un véritable trésor, en hommage au facteur Cheval : « Le rêve de l’eau », composé de fontaines multicolores, de cascades, de sculptures en perles de verre, de grottes, et de vitraux poétiques qui subliment le palais rêvé du facteur. Un travail de toute beauté, où il est question de don de soi, de poésie, d’amour de la vie, de gratitude, aussi.

Il fallait oser. Imaginer, concevoir et réaliser un projet artistique au sein même d’un monument historique longtemps classé intouchable, à Hauterives, au cœur de la Drôme. C’est sous l’impulsion du directeur du Palais Idéal du facteur Cheval, Frédéric Legros, que l’artiste français a pu développer son projet et déployer tout son talent. Du courage il en faut pour s’atteler à un monument unique, un chef d’œuvre de l’art brut, une ode vibrante à la beauté du monde, de la nature, et de la famille humaine, avec ses sculptures, ses temples et ses messages universels, gravés dans la pierre, dans un élan d’éternité : “Grands et petits viendront se réunir, dans la fraternité éternelle.”

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Ferdinand Cheval, avec sa famille, devant son œuvre bâti seul, le Palais Idéal, Hauterives, 1914.
Exposition Facteur Cheval
Exposition du créateur français, au Palais Idéal. © Jean-Michel Othoniel / Adagp, 2022

Du courage, Othoniel en a beaucoup, ayant déjà surpris et enchanté le public français à travers des projets lumineux à Versailles, au Centre Pompidou, et dernièrement au Petit Palais à Paris. Dans le contexte difficile que nous connaissons, l’artiste est parvenu sans relâche à insuffler beauté et espérance. Une touche d’Eden, partout où il se pose, et un message d’espoir qui prolonge celui du facteur Cheval.

L’artiste partage le goût de l’audace de Ferdinand Cheval (1838-1924), cet enfant du pays qui a passé un tiers de sa vie à construire seul son palais, malgré les moqueries de sa contrée, dont les habitants le pensaient fou, armé d’une simple brouette, mais animé d’une foi semblable à celle des bâtisseurs de cathédrales.

Lors d’un entretien récent au magazine Beaux Arts, Jean-Michel Othoniel raconte l’impact de l’histoire du facteur Cheval dans sa jeunesse : “Ca m’a attiré l’œil sur ce que les gens appellent la folie, moi j’appelle ça la passion.” Le projet a par ailleurs pour le créateur une portée sentimentale : il s’agit de rendre hommage à un paradis de l’enfance, fréquenté avec sa mère, à quelques kilomètres de son pays natal, Saint Etienne.

‘Nous partions en vacances dans la Drôme avec ma mère, nomades pour une longue période sans mon père qui restait à l’usine. Hauterives était une destination culturelle pour cette jeune institutrice curieuse et son fils. Nous sommes à la fin des années soixante, j’ai six ans. Le château des géants, du sable, des coquillages, de la poussière, du soleil, de la fraîcheur, des grottes, des rires, du silence et se perdre dans le mystérieux de l’enfance. (…) J’ai hâte de surprendre Ferdinand Cheval, de me perdre à nouveau dans les mystères de l’enfance, dans le monde à part de la jeunesse et dans la joie de savoir vivre et finir ma vie.” 

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Portrait du créateur, © Jean-Michel Othoniel / Adagp, 2022

Dans le cœur des citoyens, le Palais Idéal est un paradis cher, aussi : en 2020, l’édifice figure en deuxième position dans le classement des monuments préférés des Français. Pour réaliser son projet, Jean-Michel Othoniel s’inspire d’un document précieux : le dessin du Palais Idéal, réalisé par Ferdinand Cheval en 1882. C’est le seul dessin du facteur, qui subsiste aujourd’hui. Longtemps préservée au musée de la Poste, l’esquisse historique a été retournée en 2021 au musée du facteur Cheval à Hauterives.

A l’origine, Ferdinand Cheval rêvait d’un palais animé de jets d’eau, projet qu’il ne parviendra pas à concrétiser. L’artiste français exauce aujourd’hui ce vœu, en déployant jusqu’à dix fontaines et 3000 briques de verres de Murano et de verre indien bleu pour réenchanter le lieu.

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© Jean-Michel Othoniel, Trésors et Fontaines / Adagp, 2022

Ainsi, tout autour du palais, au cœur-même du « Temple de la Nature », dans les niches et les grottes, Othoniel insuffle une vie nouvelle, faite de couleurs, de fantaisie et de rêve, à travers des créations d’une grande délicatesse. Débute alors un dialogue poétique, complice, entre deux âmes fraternelles en quête d’absolu, et dont les éléments représentent la première source d’inspiration. Un thème cher à de nombreux poètes, à l’instar de Baudelaire :

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent

Extrait des Correspondances, Charles Baudelaire.

Là où règnent des pierres silencieuses, sculptées par le temps, modelées par le souvenir, Jean-Michel Othoniel fait offrande d’eau et de lumière : des briques incandescentes, des perles de verre chatoyantes, de généreuses fontaines, ainsi que des vitraux : six créations dont les couleurs s’épanchent sur la pierre, dans un élan sacré. Une initiative qui peut rappeler celle de Matisse à la chapelle du Rosaire à Vence, et dont la symbolique aurait certainement plu au facteur Cheval, lui qui aspirait à la spiritualité et qui rêvait d’être inhumé au sein de son œuvre.

© Jean-Michel Othoniel / Adagp, 2022

Nous sommes à la fin des années soixante, j’ai six ans. Le château des géants, du sable, des coquillages, de la poussière, du soleil, de la fraîcheur, des grottes, des rires, du silence et se perdre dans le mystérieux de l’enfance. (…) J’ai hâte de surprendre Ferdinand Cheval, de me perdre à nouveau dans les mystères de l’enfance, dans le monde à part de la jeunesse et dans la joie de savoir vivre et finir ma vie.”

Othoniel, prince de la matière et de la lumière, offre ici des trésors qui raviront les grands, comme les petits. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Les élèves de l’école de Hauterives, conviés récemment à l’exposition par le Palais Idéal du facteur Cheval, ont livré, émerveillés, le plus bel hommage qui soit au travail du créateur français : « Cela donne de la couleur au Palais Idéal. C’est un peu comme si ça renaissait… » 

Le Rêve de l’eau, exposition au Palais Idéal de Hauterives, jusqu’au 6 novembre 2022.

Remerciements à Monsieur Othoniel, et à Monsieur Legros, directeur du Palais Idéal du facteur Cheval.

Informations et réservations

Réservations au musée conseillées sur le site : www.facteurcheval.com

Adresse : Palais idéal du facteur Cheval 8, rue du Palais – CS 10008 – 26390 Hauterives – Drôme

Le Palais est situé au centre du village, 8 rue du Palais à Hauterives dans la Drôme. A 1h15 en voiture de Lyon, 45 min de Valence et 1h de Grenoble.

Ouvert tous les jours, dimanches et jours fériés inclus sauf les 25/12 et 01/01 et du 15/01 au 31/01 inclus. Horaires : Janvier : 9h30 – 16h30 Février > Mars : 9h30 – 17h30 Avril > Juin : 9h30 – 18h30 Juillet > Août : 9h00 – 18h30 Septembre : 9h30 – 18h30 Octobre > Novembre : 9h30 – 17h30 Décembre : 9h30 -16h30

Tél. +33 4 75 68 81 19. Adresse mail : contact@facteurcheval.com

Parcours du créateur

La biographie et les travaux de Jean-Michel Othoniel, membre de l’Académie des Beaux-Arts, peuvent être consultés sur son site personnel : www.othoniel.fr

A découvrir, son compte Instagram : Jean-Michel Othoniel (@othoniel_studio) • Photos et vidéos Instagram

Exposition Facteur Cheval
Exposition au Palais Idéal du Facteur Cheval du 14 mai au 06 novembre 2022. © Jean-Michel Othoniel / Adagp

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