Un tourbillon d’or et d’argent, dans un cadre historique d’exception. Un luxe sans fioritures, où le service est maître, avec un art de recevoir reconnu dans le monde entier. Depuis près de deux siècles, Le Meurice enchante et transporte, dans une bulle d’élégance merveilleuse, calme et discrète.
Août 1855. Le soleil épanche ses rayons chauds sur la rue de Rivoli. La reine Victoria, alors âgée de 36 ans et mère de neuf enfants, descend doucement de sa calèche, accompagnée de son époux le prince Albert, et grimpe délicatement les trois marches de l’hôtel Le Meurice, sous les arcades somptueuses érigées 40 ans plus tôt par Charles Percier et Pierre Fontaine, les architectes attitrés de l’empereur Napoléon 1er.
Paris resplendit alors dans un renouveau néoclassique, qui plaît grandement aux cours royales d’Europe. Durant son séjour, la reine Victoria accorde une valse à Napoléon III au Château de Versailles, visite l’exposition Universelle à ses côtés, et fait connaissance de l’art de vivre à la française, dans un écrin de splendeur nommé Le Meurice.
Ce sera le début d’une grande histoire entre « l’hôtel des rois » et les monarques du monde : le roi d’Espagne, Alphonse XIII, le Prince de Galles, le roi George VI, le Duc et la Duchesse de Windsor, le Maharadjah de Jaipur… Tous ont marqué une halte dans le cadre unique, au luxe paisible, de l’hôtel Le Meurice.
Deux ans après la visite de la reine Victoria, un jeune écrivain de 29 ans descend à son tour de sa calèche, réajuste le col noir de son épais manteau et vérifie l’heure sur sa montre à gousset, avant de grimper les marches de l’hôtel célèbre. Nous sommes en février 1857. Le futur monument de littérature mondiale, Léon Tolstoï, vient de quitter l’armée et de publier son récit autobiographique, Enfance, Adolescence et Jeunesse. Déjà, le projet Guerre et Paix murit dans son esprit.
Au Meurice il goûte au calme et au repos, dans une chambre surplombant les Jardins des Tuileries, avant de se rendre avec Tourgueniev à l’Opéra et aux Invalides, à la découverte du tombeau de Napoléon.
Rapidement d’autres écrivains et artistes suivront ses pas. Tchaïkovski séjourne au Meurice en 1879, après avoir achevé son chef d’œuvre, Le Lac des Cygnes. A l’aube de ses 40 ans, il réfléchit alors à la composition de son Concerto pour Piano et à son prochain opéra qui l’obsède jour et nuit. Le Meurice lui donne la quiétude nécessaire pour avancer dans sa création.
Presque 40 ans plus tard, l’un des plus grands géants de l’art choisira le Meurice pour célébrer ses noces ; Pablo Picasso convole avec Olga Khokhlova, danseuse ukrainienne, le 12 juillet 1918, et le tout Paris est présent au déjeuner – Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Matisse, Diaghilev, ainsi que de nombreuses personnalités des ballets russes. Le champagne coule à flots et le Salon Pompadour enveloppe la joie des époux avec faste.
Un décor enchanteur qui plaira à nombre d’autres artistes, écrivains et cinéastes : Emile Zola, Edmond Rostand, Rudyard Kipling, Coco Chanel, Guy Laroche, Orson Welles, Salvador Dali, Paul Morand, Yehudi Menuhin, Yul Brynner, Placido Domingo, Elizabeth Taylor et Richard Burton, et même les pionniers de l’aviation, les frères Wright, s’y posent pour savourer la beauté calme et la vue splendide qu’offre Le Meurice sur la Ville Lumière.
Il faut dire que Le Meurice, premier Palace de la capitale, réunit tous les ingrédients au bonheur : des chambres rénovées et spacieuses, au goût impeccable, décorées de meubles style Louis XVI, des salles de bain sublimes, avec douche à l’italienne, un SPA qui permet de s’abandonner à soi et revivre. En 2019, la Suite Penthouse Belle-Etoile a été inaugurée sur le toit, avec 620 m2 de splendeur, et un jardin extérieur embrassant Paris à 360 degrés.
A cela s’ajoute le décor raffiné, surréaliste et audacieux par Philippe Starck et sa fille Ara, qui ont transformé les salles de réception en œuvre d’art vivante. Les aménagements ont lieu sous l’impulsion de la directrice générale, Franka Holtmann, à qui l’on doit la renaissance de l’hôtel mythique.
Le Meurice, c’est aussi la quintessence de la gastronomie française. Depuis 2013, Alain Ducasse y dirige les cuisines des restaurants. Le Chef multi-étoilé est entouré des meilleurs talents, dont Amaury Bouhours, chef exécutif, et Cédric Grolet, chef solaire, élu meilleur pâtissier de restaurant au monde ! A la carte, une farandole de mets qui font danser les yeux et les papilles : Petit pâté chaud de pintade et foie gras, Saint-Jacques de Normandie au naturel, Homard bleu croustillant, Poularde de Culoiseau au pot… Sur une note sucrée, on craque pour le Soufflé aux agrumes, le Baba au rhum avec crème mi-montée… En somme, un voyage magique dans les hautes sphères de la cuisine française.
Pour ceux qui souhaitent marquer une simple pause, dans un cadre élégant et convivial, le Bar 228 propose une belle gamme de cocktails alléchants et aussi un chocolat à l’ancienne comme on aime, épais et velouté, dans des tasses en porcelaine.
Le rêve fait vivre. C’est sur ces considérations bienheureuses que j’ai apprécié chaque gorgée de chocolat chaud, servi avec des chocolats fondants de fabrication artisanale. A mes côtés reposait le piano qui a sans doute chanté un siècle plus tôt au mariage de Picasso. J’aurais aimé que tous les convives surgissent devant moi, Tchaïkovski et Tolstoï aussi.
L’âme des lieux est un baume précieux. Il faudra revenir au Meurice, pur délice.
Informations pratiques
Le Meurice, 228 rue de Rivoli, 75001, Paris. Tel : +33 (0) 1 44 58 10 10.
E-mail: info.LMP@dorchestercollection.com
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