L’année 2020 s’achève, enfin ! L’occasion de démarrer une nouvelle page dans sa vie, avec joie et optimisme. Vous avez toujours rêvé de tenir un journal intime, mais vous n’avez pas encore franchi le pas. C’est le moment où jamais de coucher vos pensées… Je glisse une image de mes cahiers, colorés pour vous encourager !
Notre histoire est marquée par des hommes et des femmes de talent, qui ont un jour décidé de s’exprimer librement dans un journal. Pour certains, le journal est une base de travail, un outil qui permet de laisser éclater la créativité et les idées, à l’instar de Leonard de Vinci (1452-1519), homme de génie tour à tour peintre, sculpteur, architecte et inventeur, qui consignera ses visions dans près de 7000 pages manuscrites. Un trésor aux yeux de Bill Gates, qui décidera en 1994 d’en acquérir une partie. D’autres scientifiques suivront, comme Charles Darwin, ou encore Marie Curie, la “mère de la physique moderne”, qui utilisera ce support pour ses recherches sur la radioactivité.
Pour d’autres, comme les écrivains, le journal intime est le territoire privilégié pour une analyse de soi et les axes d’amélioration. Tolstoï (1828-1910) figure parmi les maîtres dans l’art diaristique, ayant rédigé ses journaux pendant plus de quarante ans, de 1847 à 1889. On découvre dans ses premiers écrits un jeune homme exigeant envers lui-même, obsédé par une quête, celle de la vérité et de l’accomplissement de soi : “Vingt-cinq ans moins un mois et rien encore. Je n’ai rien écrit. Dans la matinée j’ai lu un roman idiot. Après dîner nous avons bavardé sans plaisir.” (28 juillet 1853) A l’époque, le succès de Tourgueniev avec ses Récits de chasseurs, le bloque dans sa créativité. “Il paraît difficile d’écrire après lui.” S’il savait ce qui l’attendait ! Anna Karénine, Guerre et Paix, Résurrection… Autant de titres qui bousculeront la littérature et les êtres dans le monde. Son journal, tenu quotidiennement, sera un guide précieux pour dérouler sa motivation, ses sentiments, et ses idées sur la société.
Victor Hugo, Lewis Caroll, Franz Kafka, Colette, Anaïs Nin… Les exemples de diaristes célèbres foisonnent. Au XXème siècle, Virginia Woolf, l’auteure de Mrs Dalloway et La promenade au phare, sera particulièrement prolifique, avec plus de 1500 pages à son actif. Son journal intime, publié chez Stock, révèle une femme d’une sensibilité à fleur de peau, avec une conscience aiguë du temps qui passe :
Maintenant il s’agit de vivre avec ENERGIE et décision, EPERDUMENT.
Expédier chaque journée avec autorité. Presser le mouvement.
Sentir chaque jour comme une vague qui se jette contre vous.”
Extrait du “Journal Intégral“, Virginia Woolf, ed. Stock.
L’ordre comme principe de vie
Plus récemment, l’écrivain Sylvain Tesson a décrit le journal intime comme un exercice nécessaire de “lutte contre le désordre”. Ses ouvrages Géographie de l’instant, Sur les chemins noirs, Une très légère oscillation sont la suite logique d’une autoanalyse qui s’est imposée à l’orée de ses 40 ans : “Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure” (Dans les forêts de Sibérie, ed. Gallimard, 2011). Au fil de ses écrits, nous découvrons des vérités parfois âpres envers lui-même et la société moderne, mais la liberté d’action demeure, célébrée comme une déesse à chaque page : “Je demeurai ce soir-là assis sur un banc de pierre contre le mur d’une maison, devant les prés salés. En face, la ligne de côte de Cancale. Au nord, la brume gazeuse de la mer et du ciel. Au sud, une lumière de tableau italien. C’était le moment de faire mes dévotions à la marche, à ma mue, à ma chance” (Sur les chemins noirs, ed. Gallimard, p. 129).
Mais encore, pourquoi écrire ? Les scientifiques s’accordent unanimement sur les bienfaits de l’écriture, qui contribue à diminuer le stress et la tension, à entretenir la mémoire, à développer la discipline, mais aussi le sentiment de bien-être et de bonheur. L’écriture d’un journal rend heureux, elle participe à une meilleure santé, physique et morale. Alors, pourquoi pas vous ?!
Léon Tolstoï 
Victor Hugo 
Virginia Woolf
