La fête du printemps a démarré plus tôt que prévu cette année. La Nature nous a envoyé un clin d’œil amusé, en nous tendant des fleurs, de toutes les couleurs. La primevère est parmi les premières à s’épanouir. La beauté n’attend pas ! Alors faisons-nous plaisir, car cette fleur est source de grand bonheur…
Mais d’où vient donc ce joli mot, “primevère” ? Avant, en français ancien, cela désignait le printemps. L’expression est d’origine latine (prima vera); aujourd’hui encore, primavera signifie le printemps en Italie, en Espagne et au Portugal. En Angleterre, la variante est légère et poétique, on dit primrose. Et pour le printemps, nous dirons en souriant “Springtime !” L’image est forte : spring désigne la source. Cela signifie aussi jaillir, bondir. Pour les Anglais, le printemps bondit, tout simplement !
Revenons à nos primevères et à leurs visages charmants. Cette plante herbacée est de la famille des Primulacées, elle est parmi les premières à fleurir, à la fin du mois de février. On la remarque souvent dans les sous-bois, sur les talus, en bordure de chemin, ou encore dans les prairies. Cette variété sauvage a pour nom “Primula veris”. Des centaines d’espèces ont été répertoriées depuis l’adoption de son nom au XVIIIème siècle par le naturaliste suédois, Carl von Linné (1707-1778).
En ce qui concerne la symbolique, la primevère symbolise un nouveau départ, le début de quelque chose de grand et de beau. Dans le langage des fleurs, la primevère représente souvent un amour naissant, inattendu et empli d’énergie. La variété blanche symbolise la pureté d’un amour idéalisé. Symbole de l’amour, elle incarne également la jeunesse, l’innocence d’un premier amour ou des premiers sentiments amoureux.
Nombre de poètes et d’artistes ont employé cette douce parole à travers les siècles, comme Du Bellay – “Lorsqu’on voit retourner la doulce primevere, qui apporte la pluye…”, Balzac – “Dès lors commença pour Eugénie Grandet la primevère de l’amour” (Eugénie Grandet, 1834) ou encore Flaubert : “Si je reste inédit, ce sera le châtiment de toutes les couronnes tressées dans ma primevère” (Correspondance, 1851).
Les artistes peintres ont également célébré la petite fleur chatoyante, à l’instar de Paul Cézanne (1839-1906), ou encore l’artiste Alphonse Mucha (1860-1939), à la Belle Epoque, par le biais d’affiches mettant en valeur à la fois la nature et les femmes :
Muse littéraire et artistique, la primevère est aussi appréciée pour ses vertus médicinales : dès le Moyen-Age elle est prescrite pour des troubles nerveux, le bégaiement, ou encore la paralysie. Les fleurs, infusées dans de l’eau chaude, ont des vertus calmantes et antinévralgiques, comme le thé. Les tiges, ou le rhizome, renferment de la saponine, une huile essentielle qui a un léger parfum anisé. Celles-ci sont réputées efficaces pour soulager les infections respiratoires comme les bronchites, les pneumonies, les coqueluches, ainsi que la grippe.
Vous l’aurez compris, en cas de migraine, ou de troubles du sommeil, il faut s’abreuver de primevères. En cas de vague à l’âme, opter pour des fleurs fraîches en salade et dans l’assiette, car elles sont délicieuses. Choisir la chromothérapie, comme principe de vie, avec des plantes au balcon, en terrasse, à l’intérieur, absolument partout… Comme disent les Italiens, Primavera, dapertutto !