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Son nom à lui seul est tout un poème. Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli, l’un des plus grands maîtres de la Renaissance, fait escale à Paris. Celui qui a consacré sa vie à la quête de beauté, sans jamais quitter son pays, est célébré dans une exposition unique au Musée Jacquemart-André. Un choix naturel, dans un écrin de splendeur entièrement dédié à l’art.

Il est connu dans le monde entier, bien qu’il n’ait jamais voyagé. Plus de cinq siècles après leur création, ses nus féminins continuent de secouer les âmes sensibles ! La Naissance de Vénus, ou encore Primavera – le printemps, font l’objet d’une admiration universelle, de génération en génération. Des tableaux tour à tour doux et mélancoliques, qui suscitent à chaque fois beaucoup d’émotion. Les ventes aux enchères, encore régulières chez Christies ou Sotheby’s, atteignent le plus souvent des sommes astronomiques. Mais est-ce bien raisonnable, d’évoquer un prix sur l’inestimable ?

Sandro Botticelli naît à Florence en 1445, rue Borgo Ognissanti. Fils de tanneur, il passe son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa vie adulte dans le même quartier. En 1464 la famille déménage Via Nuova – aujourd’hui Via della Porcellana – et bénéficie d’un voisinage agréable et bienveillant, notamment la famille Vespucci – futurs mécènes, qui comptent parmi leurs membres Amerigo Vespucci, le célèbre explorateur.

Botticelli s’éprendra d’une jeune femme dans cette famille – Simonetta Vespucci, à l’affiche de l’exposition. Elle lui inspirera d’ailleurs de nombreuses Vénus, mais celle-ci disparaît tragiquement en 1476, suite à une tuberculose contractée à 22 ans, laissant chez l’artiste un vif chagrin qui l’habitera sa vie durant. Le peintre ne se mariera d’ailleurs jamais. Tout au long de sa vie, il pense à Simonetta, “la petite Simone”, et la dessine à de nombreuses reprises, sans doute la plus belle façon de prolonger dans l’éternité le souvenir des êtres chers.

Botticelli, la Naissance de Venus, Galleria degli Uffizi, 1490.
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Primavera, Galleria degli Uffizi, Florence, 1482

Jeune adolescent, Botticelli fait son apprentissage chez Fra Filippo Lippi, avant d’ouvrir son propre atelier dans les années 1470. Le fils de Lippi – Filippino, rejoindra d’ailleurs Botticelli. L’art, à travers l’amour du partage, est le ciment de l’amitié. Les deux compères se formeront mutuellement à travers des compositions délicates et oniriques, emplies de beauté calme. La splendeur et la vertu sont au cœur de leur œuvre. Elles représentent les nouvelles valeurs en vogue à l’époque, harmonieuses, optimistes, à l’aube du nouveau monde.

Le jeune peintre florentin sera influencé tout particulièrement par la mythologie grecque et romaine – Ovide, Lucrèce, ou encore par ses contemporains – Leonard de Vinci et Dante, dont il célèbre le génie.

Botticelli, Vénus et Mars, 1482, National Gallery à Londres.
Les beaux traits de Simonetta reviennent régulièrement, tout au long de la vie du peintre.

L’art, à travers l’amour du partage, est le ciment de l’amitié.

La société dans laquelle il évolue est prospère – Florence à la fin du XVème siècle est alors en pleine effervescence, et les progrès sont nombreux dans les arts, la littérature et la philosophie, grâce au soutien notamment de la famille Medici. Botticelli connaît la gloire dès la trentaine, dans les années 1480, notamment suite à son passage à Rome pour décorer la Chapelle Sistine, à la demande du pape.

Il poursuivra son activité avec vigueur jusqu’en 1510, date à laquelle il lâche ses pinceaux et finit par quitter le monde. Détail touchant, il sera inhumé, à sa demande, auprès de la belle Simonetta, à la Chapelle Vespucci d’Ognissanti, à quelques pas de sa maison natale.

Le musée Jacquemart-André, un choix naturel et splendide

C’est la première fois que le musée Jacquemart-André accueille l’un des plus grands noms de la Renaissance italienne. La maison reçoit pourtant depuis longtemps les œuvres de peintres et sculpteurs originaires d’Italie, notamment ceux du Quattrocento. A l’origine de cette aventure, une femme exceptionnelle, un homme déterminé, et une belle histoire d’amour…

Nélie Jacquemart, ancienne protégée de Madame de Vatry au Domaine de Chaalis, est une artiste reconnue lorsqu’elle fait la connaissance du bel officier du régiment des guides de la Garde impériale, Edouard André. Portraitiste de talent, elle a déjà peint de nombreux ministres, généraux, et même le président de la République, Alphonse Thiers. En 1872, le bel Edouard pose pour elle dans son atelier… C’est le coup de foudre !

A ses côtés, il deviendra un mécène de premier plan et également protecteur des arts. Leur premier voyage à Venise, la même année, sera l’occasion de débuter la collection exceptionnelle dont Nélie rêvait – un musée empli de trésors italiens du XVème siècle, au premier étage de leur demeure parisienne, au 158 boulevard Haussmann.

Imaginez la scène : un chocolat chaud le soir, au calme, avec pour seul bruit les chevaux dans la rue, et avant de se coucher, un petit tour au musée à l’étage…

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L’escalier de rêve, aménagé par Henri Parent, qui espérait à l’époque surpasser Charles Garnier à l’Opéra de Paris. Sur les murs jaillissent les couleurs de Tiepolo (1696-1770), avec une fresque géante représentant Henri III à la villa Contarini, en 1745.
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La Salle des Sculptures

Le couple Jacquemart André poursuivra pendant vingt ans des acquisitions exceptionnelles, dans les arts français également. Des chefs-d’œuvre du XVIIIème et XIXème siècle, incluant les plus beaux tableaux de Boucher, Chardin, Nattier, et transformant ainsi leur demeure en véritable palais des Beaux-Arts.

Suite au décès prématuré d’Edouard André en 1894, à seulement soixante ans, Nélie poursuivra sa tâche, aménageant également le Château de Chaalis, dans l’Oise.

A sa mort en 1912, Nélie Jacquemart lègue l’ensemble de ses biens à l’Institut de France. Elle sera inhumée, comme elle le souhaitait, dans la petite Chapelle Sainte-Marie au Domaine de Chaalis, sous l’une des plus grandes fresques de la Renaissance italienne en France.

Texte et photos, Géraldine Dunbar.

Pour aller plus loin

Botticelli, le catalogue officiel de l’exposition

“Retrouvez le catalogue officiel de l’exposition automnale, du musée Jacquemart-André à Paris. Ce dernier met en lumière l’artiste italien, Sandro Botticelli et l’importance de sa pratique d’atelier, un laboratoire foisonnant d’idées et de formation, typique de la Renaissance italienne.

L’exposition présente Botticelli dans son rôle de créateur, mais également d’entrepreneur et de formateur, de manière chronologique et thématique, vous découvrirez l’importance de son art et son influence sur les artistes florentins du Quattrocento.”

Dimensions : 24 x 28 cm, 240 pages version brochée en français uniquement
Editions Fonds Mercator

Hors -Série Botticelli, par Connaissance des Arts

Le hors-série de l’exposition “Botticelli, Artiste et designer”

“Le musée Jacquemart-André accueille l’exposition tant attendue “Botticelli, Artiste et designer”. Culturespaces s’associe à Connaissances des Arts pour l’édition du hors-série de l’exposition, relatant autour des œuvres exposées l’importance et l’influence de Sandro Botticelli sur ses contemporains.
Vous retrouverez dans ce magazine des analyses d’œuvres, entretiens scientifiques et les meilleurs clichés des œuvres de l’exposition.”

Version française uniquement 
Edition Connaissances des Arts, N°944
Version brochée, 36 pages
Dimensions : 21 x 28 cm

Informations pratiques

Site web : Botticelli | Musée Jacquemart-André : une collection unique à Paris, Paris – géré par Culturespaces (musee-jacquemart-andre.com)

Renseignements Tel. : 01 45 62 11 59.

Mail : groupes@musee-jaquemart-andre.com

L’exposition a bénéficié de prêts d’institutions majeures, comme le musée du Louvre, la National Gallery de Londres, le Rijksmuseum d’Amsterdam, les musées et bibliothèques du Vatican, les Offices à Florence, la Galleria Sabauda de Turin, la Galleria dell’Accademia et le musée national du Bargello en Italie, la Gemäldegalerie de Berlin, l’Alte Pinakothek de Munich et le Städel Museum de Francfort. 

Avec le soutien de Natixis, Grand mécène de l’exposition.

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Botticelli, au musée Jacquemart-André, jusqu’au 24 janvier 2022.

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